Le collectif « Brouettes et compagnie » qui milite (entre autres) depuis 2008, pour la création d’une équipement public de type Bibliothèque/Médiathèque, a le plaisir de vous annoncer que la lutte a payé!
En effet, la création d’une médiathèque dans le 3ème arrondissement a été votée au dernier conseil municipal et les consultations avec les acteurs locaux ont déjà commencé. Cet espace se situera dans le bas de la rue Loubon (13003) et comprendra environ 1500 m2 de Médiathèque ainsi que des espaces complémentaires dédiés à des propositions culturelles.
Nous souhaitons partager aujourd’hui avec vous le point de vue de notre collectif qui constitue notre contribution à la consultation pour ce futur équipement :
Équipement public rue Loubon : médiathèque & espaces communs. : La voix du collectif d’habitant.e.s du 3ème arrondissement : « Brouettes et compagnie »
Notre collectif « Brouettes et compagnie » œuvre et réfléchit depuis plusieurs années à la question de l’accès à la lecture et revendique la création d’un équipement public dédié pour les 50 000 habitant.e.s du 3ème arrondissement.
Dès 2008, nous énoncions les raisons pour lesquelles cet équipement public était indispensable notamment en termes de justice sociale, d’égalité d’accès à travers un manifeste.
Nous réclamons de façon plus globale la reconnaissance du droit à la maîtrise d’usage sur notre ville, notre quartier, à travers notre capacité d’habitant.e.s à participer, à contribuer à la conception et à l’aménagement de notre territoire. Aux côtés d’associations, de collectifs et d’habitant.e.s de Marseille, nous avons participé à la conception et l’élaboration d’un collège des maîtrises d’usages au sein du projet partenarial d’aménagement du centre ville de Marseille.
L’annonce récente de la création (enfin !) de la bibliothèque, enrichi d’espaces supplémentaires à destination des habitant.e.s, nous incite à partager ici notre vision sur ce projet.
Aujourd’hui le projet de la rue Loubon propose en plus d’une médiathèque, plus de 1500 m2 annexes dont l’occupation est soumise à concertation.
Dans ce cadre, nous voulons apporter notre expertise d’habitant.e.s agissants et nos souhaits pour ce futur lieu :
- La médiathèque
C’est un équipement public du 21ème siècle, un véritable lieu de vie incluant des espaces d’étude, de recherche d’emploi, de formation, et permettant de lutter contre la fracture numérique.
C’est aussi être un lieu de détente et de convivialité, à l’écoute de tous les types d’usager.e.s, qu’il, elle soit en situation de handicap, en apprentissage de la langue française ou adolescent.e.s fan de jeux vidéo.
« C’est grâce aux bibliothèques que des milliers d’enfants se familiarisent avec les livres souvent absents de leur environnement familial et social.
La lecture s’avère une activité indispensable à l’autonomie de la pensée, à la formation du citoyen, à l’épanouissement de la personnalité, à la maîtrise de l’expression et à la lutte contre l’échec scolaire »
Elle comprend des espaces propices au travail scolaire dans un quartier où l’indécence des logements ne le permet pas.
Elle accompagne dans les apprentissages numériques, face à l’inéluctable dématérialisation, les publics laissés au bord des routes virtuelles.
Elle favorise l’éducation aux médias, particulièrement en direction de la jeunesse, et permet à chacun.e de décrypter les mécanismes de l’information.
Elle est adaptée aux évolutions sociétales, ancrée dans le monde connecté et dans l’environnement réel en tissant de la porosité avec son territoire.
Elle est attentive à la mixité sociale en proposant des évènements et des activités à rayonnement extra-local, en s’appuyant notamment sur les ressources artistiques et citoyennes extrêmement riches de cet arrondissement. C’est un endroit où se croisent, peuvent échanger et partager toutes les générations et différentes classes sociales.
Elle travaille au renforcement du lien social et à l’inclusion des publics éloignés, par des actions notamment hors les murs.
Elle expérimente des jours et des horaires adaptés à la demande.
Elle compte des personnels qualifiés et du personnel dédié au lien à créer avec les familles éloignées des institutions.
« Car les lieux de livre, ce sont aussi des lieux de vivre ; autrement dit, ils ont une dimension de cohésion sociale qu’on ne saurait négliger ». Erik Orsenna
Liens utiles:
https://www.culture.gouv.fr/Actualites/Les-bibliotheques-du-XXIe-siecle-perspectives-et-realites
http://www.ourouk.fr/Ourouk_R%C3%A9flexions%20biblioth%C3%A8que%2021%C3%A8me%20si%C3%A8cle.pdf
- Les espaces complémentaires
Centralité géographique
Le lieu choisi, 32 rue Loubon 13003, permet de toucher également les quatre quartiers du 3ème arrondissement : Villette, St Lazare, St Mauront et Belle de mai. A ce titre, et afin que chacun des habitants de ces quartiers puissent se l’approprier, elle ne doit pas être assimilée à un territoire unique ou restreint.
Dans un même objectif d’appropriation par tous les potentiels usagers, le nom de ce nouvel espace pourrait faire l’objet d’une vaste concertation.
Partenariats
L’équipement aura une identité définie. Ce n’est pas un fourre-tout sensé absorber toutes les carences du secteur, qui sont nombreuses. Ainsi ce n’est pas un centre social bis, même si ceux existants sont saturés. Ce sont eux qui sont à agrandir ou à augmenter.
Certes nous sommes dans un secteur paupérisé, croulant sous les besoins de type social mais nous pensons que la dimension sociale peut se situer aussi dans l’équité de traitement entre tous les habitants de Marseille.
Si l’équipement n’accueille donc pas de centre aéré, il proposera en revanche des pratiques artistiques de qualité pour tous et toutes, quels que soient les revenus.
L’équité entre arrondissements doit être le fil conducteur. On ne trouve actuellement pas le même type de propositions selon que l’on habite le Nord ou le Sud de Marseille. Nous ne sommes pas des habitants de seconde zone. Nous avons le droit en plus du hip hop et du rap de pratiquer le violoncelle, de suivre des ateliers d’écriture, de théâtre ou de poésie, de faire de la méditation, de la danse indienne, du be-bop ou de la salsa cubaine, d’apprendre le chinois ou le jazz vocal. Nous avons le droit d’assister à des conférences ou d’entendre de la musique classique.
Des partenariats seront tissés afin d’apporter des propositions qualitatives et qui n’existent pas déjà sur le secteur, par exemple une décentralisation du conservatoire pour des pratiques musicales enfin accessibles, mais aussi un « pôle image ».
Les ressources sont nombreuses dans l’arrondissement : Klap maison pour la danse, Friche de la Belle de mai, artistes…ainsi que sur tout Marseille.
Nous émettons un point de vigilance à veiller à ce qu’il n’y ait pas d’attribution exclusive d’espaces à aucun partenaire. Bien trop souvent, encore, à Marseille, les usagers pâtissent de certains choix clientélistes ayant été faits par le passé sur l’occupation d’espaces publics.
Les espaces en fonction des usages ont vocation à se transformer et au fil du temps à s’entretenir régulièrement.
Citoyenneté
La dimension citoyenne a toute sa place dans cet équipement.
Sa position centrale entre deux îlots démonstrateurs du Projet Partenarial d’Aménagement, projet au long cours, serait idéale pour la création d’une maison du projet locale, propice à la capacitation, autonomisation des habitant.e.s et en particulier des plus fragiles.
Des espaces pour la formation ou auto-formation des citoyens, en lien avec les questions des biens communs, d’accès aux droits, de droit à la ville, etc. et également pour apprendre à débattre et débattre de ces questions.
Élaborer à partir de ces pratiques, un fonds documenté de partage d’expériences.
Gouvernance
Nous souhaitons la mise en place d’une véritable Maîtrise d’Usage autant sur l’aménagement, les matériaux que sur le contenu de cet équipement, du début du projet jusqu’à son ouverture.
Une gouvernance partagée entre mairie, propriétaire et financeur, habitant.e.s associations et collectifs du 3ème arrondissement en reliant et non juxtaposant les espaces et la bibliothèque médiathèque, permettrait de créer une réelle appropriation de ce bien commun et d’inscrire de nouvelles modalités de fonctionnement collégial.
Cette expérimentation pourrait s’appuyer notamment sur le collège des maîtrises d’usages constitué entre autres membres, d’actrices et acteurs du 3ème, sur l’expérience en cours du Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) autogéré de Marseille et solliciter toute expérience issue des réseaux de l’assemblée des communs dont la ville de Grenoble, de Remix the commons, et y compris les assemblées internationales sur les communs.
Ce point devrait faire l’objet d’une réflexion – concertation autonome à mettre en place rapidement.
brouettesetcompagnie.wordpress.com 